Quand on pose une question, on attend une réponse. Je suis frappée comme de nos jours cette croyance est mise à mal : mes enfants, confrontés à la recherche de travail comme tous les jeunes aujourd’hui, passent des entretiens, parfois plusieurs, et la plupart du temps ne reçoivent aucune réponse à la fin. Ni oui, ni non. Juste rien. Même quand ils relancent : ” S’il vous plait, dîtes-moi, c’est important “. Non, rien.
Ces mêmes enfants, qui ne répondent jamais à nos messages, souffrent cruellement de ces silences et sont à la fois les acteurs et les victimes d’un système qui se sclérose. Nous sommes tous devenus des experts au jeu du ni oui ni non. A force de vivre soi-disant au présent, d’être connectés nuit et jour, de tout pouvoir faire, nous avons de plus en plus de difficultés à décider et à dire oui ou non, tout simplement. J’essaie désespérément d’éviter le mot fatal, le mot qui fait peur, mais tant pis, j’ose : l’engagement. Voldemort parait bien léger à côté de lui, puisque finalement tous ces tracas planétaires pourraient être balayés en quelques mots seulement : “Oui je serai présent. Oui je vous engage. Oui je t’aime…” Et je vous assure que j’aurais pu écrire les mêmes phrases en commençant par “non”, la liberté pour celui qui reçoit la réponse eut été aussi forte. .
Quand on envoie une bouteille à la mer, comme je l’ai fait avec mon troisième manuscrit, on sait que l’océan est vaste et les écueils nombreux. Alors quand on reçoit des messages en retour, c’est la fête. Même si c’est non, c’est la fête. Et parfois au milieu des non, on trouve un regret, un vrai regret, un non qui a subi des pressions, qui a traversé des étapes, qui a été défendu, pied à pied, un non écrit à la main pour en mesurer toute la beauté, un non qui aurait aimé se transformer en oui et qui y a cru.
C’est ce non là que j’avais envie de partager avec vous aujourd’hui. Parce que de telles réponses, donnent envie d’avancer. Grand merci à celui ou à celle qui se cache derrière cette encre bleue toute fraîche…
Lorsque Momig a connu ses premiers engouements à sa sortie, j’ai un instant rêvé que mon écriture trouve un large public, qu’elle puisse se répandre comme une trainée de poudre, par explosions successives et loin de moi. Mais bien au contraire, chaque livre amena une rencontre, unique, vibrante, puissante, directe, il me fut impossible de tricher, du début jusqu’à la fin. Mon second ouvrage, Le ventre et la plume est sorti dans la foulée, sur la pointe des pieds, trop de chair ont dit certains, les autres l’ont pensé. Pourtant j’en suis tout aussi fière que du premier.
Mon troisième manuscrit, après ce long détour, me revient donc.
Mais tout a changé.
Maintenant il est accompagné d’un regard professionnel d’une grande maison d’édition qui a cru en lui.
Maintenant il est chargé des mots émotion, vibrant, élégance.
Maintenant, surtout, il y a vous, vous tous, qui avez traversé souvent mes livres, parfois mes ateliers et qui êtes là, tapis derrière mes mots.
Pour “Momig”, le combat fut d’oser publier en auto-édition.
Pour “Le ventre et la plume”, le combat fut d’oser parler de ce qui ne se dit pas, sans pseudonyme ou autre artifice.
“Que ma voix demeure” va bientôt arriver, avec son propre combat à mener. Un combat qui va j’espère montrer que oui le grand public c’est tout autant vous que moi et que nous sommes tous capables de comprendre l’émotion, le vibrant, l’élégance.
Aujourd’hui je suis allée chez l’imprimeur, choisir le papier. Je le sais maintenant, “Que ma voix demeure” naîtra en septembre, pour mon anniversaire.
Avec toute ma flamme,
BEAUVILLAIN
juillet 19, 2017Bravo Isabelle !!!
J’ai hâte de te lire … vivement septembre.
Avec toute mon affection,
Catherine
Momig
juillet 19, 2017Merci Catherine! Bon été à toi:-)