« L’enfant qui » est le livre, publié cette année, d’une femme que je ne connais pas mais dont l’écriture est depuis « Les Demeurées» entrée dans ma bibliothèque ou plutôt dans les pépites que je recommande, prête, perd, retrouve, aime. Elle s’appelle Jeanne, Jeanne Benameur, si le mot sororité a un sens, alors c’est ici que j’ai envie de l’employer : Jeanne, je me sens en sororité avec vous.
J’ai trouvé « L’enfant qui » par hasard. Parfois, au milieu de tout ce rose qu’on nous propose, il y a quelque chose entre le gris et le bleu qui attire notre regard. Ce fut le cas ce jour-là. Difficile de dire pourquoi, un peu comme certains dirigent naturellement leurs pas vers les coins à champignons, j’ai depuis toujours cet instinct des livres-merveilles. À la différence des cueilleurs, je les partage ensuite avec allégresse : et qu’y a t-il de plus éternellement abondant qu’un livre qui serpente entre les hommes en leur ouvrant les yeux?
Que puis-je dire de ce livre sinon de le lire et d’écouter ensuite la qualité du silence qui entre en soi ? C’est un livre qui dit l’essentiel, qui dit qu’on n’a pas le choix : un jour il faut aller au bout d’une entière solitude pour ne plus jamais être seul. Qui que nous soyons, la grand-mère, le père, l’enfant, l’absente. Un jour il faut prendre la route qui mène à la rivière et laisser partir la douleur de l’existence dans l’eau. Et ce jour-là, si on écoute bien, on entend, d’abord comme un murmure, puis petit à petit comme une vraie promesse, les galets au fond du ruisseau, chanter la joie.
Ceux qui m’ont lu le savent, et vous l’aurez deviné, cette entière solitude, je l’ai traversée ces dernières années et j’ai choisi de partager cette joie de la transformation de soi en Soi avec vous, mes semblables. J’ai fait de la joie mon pain quotidien, pétri chaque jour avec mon amour et ma flamme, servi par des mots qui comme les galets des rivières, font résonner le chant des silences. Dans Momig, l’enfant que je fus avait tracé en lettres innocentes ” Je ne sais pas encore jusqu’où ira ma quête, mais j’ai faim et je chasse…”, ces mots partagés avec beaucoup d’entre vous ont fait partie de ceux qui m’ont donné le courage d’aller jusqu’au bord de la rivière et…
Aujourd’hui mon écriture, à force de travail et de solitude, me permet d’être juste là, debout face à vous et de vous dire : « L’enfant qui » c’est l’histoire de l’enfant qui marche sur sa route, avec toute nos enfances accrochées à son cou, c’est l’histoire de l’enfant que nous fûmes, de l’enfant que nous aurons, de l’enfant qui.
Avec toute ma sororité,
PY
août 23, 2017merci Isabelle , tojours aussi poétique et profond .. PY
Momig
août 30, 2017Merci à toi PY, longue vie à la poésie et à ceux qui comme toi savent si bien l’accueillir.