Lire, écrire. Cette joie de la première lettre reste ancrée en moi. Une aube teintée de rose, toujours renouvelée. Ce que d’aucuns pourraient percevoir comme un repli, n’est autre qu’une ouverture, une nouvelle façon de respirer, plus ample.
À ma table de travail, je cherche, dans les interstices laissés par notre confinement communautaire, dans les rares moments de silence ou dans ceux que je parviens à me construire, une inspiration, une vérité, une rencontre.
Il est souvent difficile de trouver son équilibre. Tout bouge autour de nous. En vieillissant tout est plus lent. Et aussi tout est plus grand. Tout ce que je craignais, jeune femme, de voir m’échapper, devient aujourd’hui possible. C’est juste une autre facette de la liberté d’être qui peu à peu apparaît.
Ce matin les oiseaux chantaient plus fort. Cachés dans leur théâtre de verdure, il me semblait les entendre ainsi pour la première fois. Je ne sais où niche chaque musicien. S’il est né de la dernière pluie ou s’il revient d’un long voyage. S’il chante comme sa mère ou s’il invente de nouveaux trilles. S’il veut être plus fort que ses frères ou s’il soutient le groupe. Parfois un éclat de soleil dans les branches me fait apercevoir un pourpoint jaune, une gorge rouge, un bec grand ouvert. Tout sort de chacun, impossible de différencier la note de l’harmonie.
À l’aube, quand le mur devant ma fenêtre est encore gris mais que la maison semble peinte aux couleurs tendres des joues de l’enfant allongé sur sa couverture, repu des seins de sa mère, j’entends la mise en place du chœur invisible. Une note ici, une réponse là-bas, puis dix, puis cent.
Mon oreille accueille cette étrange façon qu’a l’orchestre de s’accorder avec innocence. Aucune pensée, aucun mot, juste l’écoute et le plaisir d’être là. Je le sais. Ils ne le font pas pour moi. Mais parce que je suis là ce matin, ce sera mon cadeau. Demain peut-être serai-je endormie. Ils chanteront de même. Je me sens aussi légère qu’une poussière. Être ici ou là, peu importe. C’est si simple quand on y pense. Et je l’accepte. J’accepte cette absolue simplicité d’être ou de ne pas être.
La mélodie est dans l’arbre, l’autre partie est en nous.
Lire, écrire….. et vivre.
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