Encore un Bobin, encore une pépite, encore un livre que je n’aurai plus la chance de découvrir.
Cet homme a une façon d’agencer les mots qui nous rend beaux. Il fait de son œuvre un voyage poétique où tout se mélange et où rien n’est pareil. Quelques lignes au milieu d’une page blanche et le monde s’ouvre, ses contours sont plus nets, la joie peut enfin entrer.
Je suis en même temps envieuse et reconnaissante. Je dévore ses traits de lumière, j’en saisis un au vol et le laisse aussitôt pour accueillir le suivant, tour à tour abreuvée, assoiffée, abreuvée…Une sorte d’art de la fugue littéraire, un sommet de virtuosité et d’artisanat, Christian Bobin, Meilleur Ouvrier de France catégorie « minuscules ».
Je me promène partout avec lui. Je donne de ses nouvelles à l’escargot baveux qui court vers mes salades, à la fourmi obstinée qui monte le long du mur,