Sur le seuil de son chalet, il propose aux rares randonneurs un petit verre. Il a 70 ans, ou peut-être 45, difficile à dire. Pour qui a l’habitude des visages des villes, ceux des montagnes sont des énigmes. Peau tannée, dents du bonheur, corps sec et noueux, il tend son sourire à qui veut partager ce moment avec lui. C’est l’heure de la pause, c’est ainsi, il commence le matin tôt par l’heure de la traite, puis vient l’heure du beurre, l’heure du poulet, l’heure du fromage avant la dernière traite, et enfin l’heure de rentrer les bêtes et dormir au bord de leurs corps chauds. « Depuis qu’ils ont remis les loups, je dois rentrer les bêtes », il dit cela comme s’il parlait de l’orage ou de la neige, un loup pas plus gros qu’un flocon noir.
Sur sa porte, sur ses murs,