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J’essaie de vous dire une chose si petite…

Encore un Bobin, encore une pépite, encore un livre que je n’aurai plus la chance de découvrir.
Cet homme a une façon d’agencer les mots qui nous rend beaux. Il fait de son œuvre un voyage poétique où tout se mélange et où rien n’est pareil. Quelques lignes au milieu d’une page blanche et le monde s’ouvre, ses contours sont plus nets, la joie peut enfin entrer.
Je suis en même temps envieuse et reconnaissante. Je dévore ses traits de lumière, j’en saisis un au vol et le laisse aussitôt pour accueillir le suivant, tour à tour abreuvée, assoiffée, abreuvée…Une sorte d’art de la fugue littéraire, un sommet de virtuosité et d’artisanat, Christian Bobin, Meilleur Ouvrier de France catégorie « minuscules ».
Je me promène partout avec lui. Je donne de ses nouvelles à l’escargot baveux qui court vers mes salades, à la fourmi obstinée qui monte le long du mur,

En route vers la Poésie : et si vous montiez à bord ?

Les livres partent un à un vers d’autres mains et c’est à moi maintenant de recevoir les mots des lecteurs. Ce matin le facteur de la toile m’a apporté un cadeau “Simplement te dire combien ton nouveau livre m’a plu. Ton premier était une grâce. Le second m’a envouté. Je ne sais comment qualifier ce troisième mais c’est le plus abouti des trois : tu as su tisser entre les mots et ce qu’ils nous racontent une parfaite musicalité: sans doute la maturité de l’écrivaine et aussi votre 4 mains avec ta fille ?”

Et c’est vrai, avec ce livre j’ai tordu définitivement le cou à ma peur de vivre. C’est un secret que je découvre avoir partagé longtemps, sans le savoir, avec ma dernière fille. Nous avons traversé ensemble et cela se sent. J’en suis heureuse. La vie est tellement plus belle quand on arrive à partager. 

Adeline

Parce que je voulais que Momig soit beau, j’ai choisi l’imprimerie Escourbiac et j’ai croisé la route d’Adeline

Adeline prend soin des êtres de chair et de papier.
Elle porte un regard toujours curieux sur le manuscrit qui lui arrive, qu’il soit édité à compte d’auteur ou par une grande maison, qu’il soit le fruit d’une impulsion ou l’œuvre d’une vie, il arrive, tout simplement, un jour, sur son écran. Et à ce titre, il sera traité comme tous ses semblables, avec bienveillance et lucidité, avec le regard professionnel d’une enfant formée sur le tas.
Curieuse, mutine, elle va le lire, gentiment corriger quelques coquilles – il y en a toujours, c’est bizarre – se l’approprier suffisamment pour oser suggérer «Peut-être pourriez-vous…..? Sans doute serait-il souhaitable que… ? » mais tout doucement, sans faire de bruit, ce n’est pas son rôle, ce n’est pas ce qu’on attend d’elle,