La neige est arrivée. Quel bonheur de se promener dans la forêt cotonneuse. Je serais bien restée à arpenter tous ses chemins à l’infini, heureuse de découvrir ces paysages familiers revisités par la main experte d’un peintre à la palette monochrome. Ces rares journées où je me retrouve bloquée par la neige me ravissent, dans tous les sens du terme. Elles m’apportent à la fois une joie enfantine et me donnent l’impression de voler quelque chose à la routine des jours.
Quand j’utilise le mot “ravir”, je pense toujours à l’extraordinaire livre de Marguerite Duras “Le ravissement de Lol. V. Stein”. Elle a été ravie elle aussi, Lola. Mais elle n’est jamais réapparue. Emerveillée d’assister au coup de foudre de son fiancé pour la belle femme qui vient d’entrer au bal. Marquée à jamais par cet instant où, comme l’oeil plaqué au creux d’une serrure, elle a saisi l’essence de la vie : l’amour dans toute sa liberté,